Spécialisé dans le développement de solutions d’évaluation de la qualité d’expérience et de la qualité de service, SmartViser automatise les phases de test de terminaux mobiles et de réseaux cellulaires à partir d’une simple application installée sur un smartphone du marché. La jeune pousse rennaise lorgne aussi sur les marchés de l’automobile et de la ville intelligente. ...
Dans le domaine télécoms, les opérateurs d’infrastructures de radiocommunication, les fabricants de téléphones mobiles, les laboratoires, les enseignes de grande distribution et certains médias numériques spécialisés partagent un point commun. Vis-à-vis de leurs clients et de leurs attentes, ils se doivent de tester les terminaux ou les réseaux, sachant que, selon les cas, les procédures de tests peuvent s’étendre de la phase de développement jusqu’à la mise en service. Jusqu’à il y encore peu de temps, les options étaient limitées. Il fallait passer par du matériel spécifique ou des bancs de test de laboratoire, se coltiner du test manuel et envoyer des équipes se déplacer sur le terrain pour réaliser des tests en mobilité…
L'équipe de SmartViser et son président Gilles Ricordel (3e à droite)
Cet état de fait est toutefois révolu grâce, notamment, à la jeune société française SmartViser, créée en 2014. « Les fondateurs de SmartViser travaillent depuis 25 ans dans le milieu des télécoms et nous savions à quel point il était difficile de mettre sur le marché un produit avec la qualité de service et la qualité d’expérience attendues, se souvient Gilles Ricordel, un ancien de Renesas Rennes, cofondateur et président de la start-up. Notre idée a été donc d’automatiser tous les tests avec une simple application que nous avons baptisée Viser. Celle-ci, une fois installée sur un mobile standard du marché, se charge du monitoring et de l’enregistrement de toutes les activités comme le ferait un utilisateur lambda (sauf qu’ici il est virtuel) et ce afin de restituer une évaluation du terminal, voire du réseau moyennant l’utilisation en simultané de plusieurs mobiles. »
Une appli qui simule des scénarios d'utilisation
Dans la pratique, l’application simule des scénarios d’utilisation du terminal pour automatiser des séquences de test. Le logiciel permet de récupérer un certain nombre d’indicateurs, tels que le temps de chargement d’une page Web, le débit, la qualité de service, la vitesse de décharge de la batterie, la température, la charge CPU, les performances GPS, etc. Une fois envoyées dans le nuage, ces informations sont traitées et injectées en temps réel dans des rapports d’analyse de performances du terminal (ou du réseau).
« La solution est à la fois fiable et rapide et permet de couvrir de nombreux cas d’usage, ajoute Gilles Ricordel. Nous offrons en effet aux utilisateurs de l’application la possibilité de créer leurs propres scripts et nous pouvons les aider dans cette tâche s’ils le désirent. » SmartViser a pu décrocher ses premiers clients dès le premier trimestre 2015 et a séduit rapidement le site d’informations LesNumériques.com, spécialisé notamment dans les comparatifs de terminaux mobiles, ainsi que le groupe de distribution Auchan et l’opérateur SFR. Depuis la liste s’est allongée et s’est étoffée de noms comme Boulanger, Clemessy, Keolis, Orange, Mobiwire ou Wiko.
L'international en ligne de mire
Fort de ses premiers succès dans l’Hexagone, l’international est désormais au cœur des préoccupations de la jeune société depuis la mi-2016. SmartViser est aujourd’hui présent hors des frontières hexagonales à travers un réseau de représentants et d’agents, notamment en Amérique latine, aux Etats-Unis, en Finlande, en Angleterre, en Espagne, en Inde et en Asie. « Notre marché est mondial et nous devons devenir au plus vite une référence pour les tests automatisés chez tous les acteurs de télécoms, insiste le dirigeant de la start-up. Nos solutions et nos offres ont été validées en France, nous devons les dupliquer à travers le monde. »
C’est en grande partie pour atteindre cet objectif que SmartViser a tout récemment levé 1,2 million d’euros auprès du fonds régional de cofinancement des entreprises Breizh Up, de l’association des business angels Logoden Participations, de Crédit Agricole Ille-et-Vilaine Expansion et des fondateurs historiques de la société. L’embauche de cinq personnes (l’effectif de la start-up s’élève à 13 personnes actuellement) est également prévue entre fin 2017 et fin 2018 pour renforcer la R&D, le support technique et les équipes de marketing et de ventes.
A l'assaut du monde des systèmes connectés
La téléphonie mobile n’est toutefois qu’une étape dans le parcours de SmartViser qui ambitionne de couvrir le monde des systèmes connectés au sens large. « Nous sommes entrés sur le marché par la téléphonie mobile qui nous a permis d’être rapidement profitables, mais nous commençons à réfléchir à la manière d’aborder d’autres secteurs où notre plate-forme de tests automatisés peut trouver toute sa place… comme la ville intelligente ou l’automobile connectée, dévoile Gilles Ricordel. Dans ce cadre, nous avons participé aux deux précédentes éditions du CES de Las Vegas et nous y serons encore en janvier prochain. Depuis début 2017 nous tissons des liens dans le domaine de l’automobile et nous nous sommes rapprochés du pôle breton iD4Car qui s’intéresse à développer la compétitivité des filières Véhicules et Mobilités du Grand Ouest. »
Si SmartViser, de par son historique, compte se positionner d’emblée sur les applications des smart cities et des véhicules connectés qui exploitent les réseaux de radiocommunication cellulaires, la jeune pousse ne s’interdit pas toutefois de s’investir sur des technologies radio longue portée et basse consommation aujourd’hui bien implantées sur le marché de l’Internet des objets comme LoRa ou Sigfox. « La levée de fonds de 1,2 million d’euros que nous venons de boucler sécurise notre développement sur 2018 mais il est évident que, au vu de nos objectifs à plus long terme, il nous faudra prévoir un tour de table de plus grande ampleur, anticipe encore le fondateur de SmartViser. Cette seconde levée de fonds pourrait avoir lieu début 2019. » A suivre donc !