Avec son “dongle” intelligent, SmartO connecte n’importe quel véhicule existant vers l’extérieur et apporte à son conducteur, mais aussi aux entreprises liées au véhicule (garages, assureurs…), des données directement exploitables et des services associés. ...
En développant une solution de connexion et de restitution des données internes à n’importe quelle voiture appartenant au parc existant (38 millions de véhicules en France, 250 millions en Europe), la jeune société SmartO, créée en 2014 par Toufik Nacer, a l’ambition de fournir aux conducteurs et à l’écosystème entourant le couple voiture/conducteur une mine de données et d’informations prétraitées qui vont modifier leur rapport à l’automobile. La solution de SmartO s’articule autour d'une interface électronique à connecter à la prise normalisée OBD (On Board Diagnostic) d’une voiture et d'une application mobile sur smartphone, les deux étant reliés via un lien Bluetooth. Il s'agit en somme d'une passerelle (ou gateway) entre le monde des réseaux embarqués dans la voiture (CAN, Inca, PWN…) et le monde des communications grand public sur smartphone.
En parallèle, des algorithmes d’intelligence artificielle dans le cloud permettent de traiter les données brutes. L’idée, dans une première approche, est d'aider les conducteurs à économiser de l’argent sur leurs dépenses en carburant (jusqu’à 20% selon SmartO) grâce aux données recueillies via la prise OBD qui peuvent représenter jusqu’à 20 paramètres physiques (vitesse régime moteur, température eau et huile, pression, tension batterie…).
Toufik Nacer, fondateur de SmartO
« Nous avons développé et amélioré notre boîtier OBD depuis la création de la société selon 3 axes, explique Toufik Nacer. Au niveau de l’encombrement d’abord puisque nous avons désormais un objet miniaturisé de moins de 6 mm d'épaisseur. Sur la non-intrusivité ensuite, car nous ne faisons qu’écouter les trames des bus embarqués et nous n’envoyons aucune requête de diagnostic pendant le roulage. Sur la sécurité enfin, puisque la liaison sans fil Bluetooth LE avec le smartphone est cryptée. »
Dans son approche, SmartO a donc décidé de ne pas intégrer de connexion GPS dans le boîtier d’interface afin de le miniaturiser au maximum, d’augmenter son autonomie (jusqu’à 2 mois d’acquisition de données sans lien avec un smartphone grâce au 64 Mo de mémoire embarquée) et de déporter les communications vers le monde extérieur à partir du smartphone connecté. Dans son boîtier d’interface (un “dongle” baptisé MicroLink en pratique), SmartO a intégré des circuits TI bâtis autour des cœurs ARM Cortex-M0, M3 et M4, deux interfaces aux bus CAN 2.0A et 2.0B, un lien Bluetooth et 64 Mo de mémoire. Auxquels il faut ajouter un capteur d’accélération (issu de Bosch) qui enregistre les mouvements de la voiture et donc qui permet l’analyse du comportement du conducteur (freinages brusques, accélérations plus ou moins franches, chocs…).
Car, bien au-delà du marché des utilisateurs (selon une approche B2C, avec la notion d’écoconduite), SmartO vise délibérément le marché des professionnels officiant autour de l’automobile. Les données acquises permettent en effet d'offrir de nombreux services associés comme des modèles prédictifs de conduite, ou des outils de gestion de maintenance prédictive capable de prévoir et d’anticiper des pannes, y compris via une analyse à distance lorsque le constructeur a intégré dans le véhicule, dans le cas de modèles neufs, une interface GPRS ou 3G. Ici ce sont les grands garages, les gestionnaires de flottes de véhicules et les assureurs qui sont intéressés au premier chef par la technologie de SmartO.
Côté applicatif, le logiciel de visualisation des données est conçu sous la forme d’un écran intuitif avec mise à jour en continu indiquant la consommation, l’émission carbone, la distance parcourue, le coût, la durée du trajet, la vitesse, le régime moteur, l’indication de vitesse maximale autorisée… Objectif : afficher les informations utiles pour permettre au conducteur de mieux doser ses accélérations, freinages et changements de vitesse, et d'avoir une conduite responsable.
Sous le vocable commercial CarAlgo, cette solution logicielle propose en outre des services autour du véhicule connecté : diagnostic défaut moteur, historique des trajets, évaluation de la qualité de conduite (scoring), localisation de la voiture, appels d’urgence, génération automatique de notes de frais kilométriques, d’entretiens et de carburants, etc.
Aujourd’hui SmartO emploie une vingtaine d’ingénieurs et a réalisé en 2016 un chiffre d’affaires d’environ 1,2 million d’euros, essentiellement via des travaux d’ingénierie dans l’IoT et l’automobile. Dès 2017, SmartO prévoit un CA de 2 millions d’euros en raison de la montée en puissance des ventes de son “dongle”. Et la société ne compte pas s’arrêter là puisqu’elle envisage une internationalisation de ses activités avec à la clé une recherche de financement via une levée de fonds de 1 à 3 millions d’euros prévue fin 2017 ou début 2018.