Sous la référence R-Car V3M, Renesas compte échantillonner à partir de décembre 2017 (pour une production en volume qui ne démarrerait qu’en juin 2019…) un circuit intégré de type SoC calibré spécifiquement pour les applications ...de caméras « intelligentes » embarquées à l’avant des véhicules. Conforme aux exigences de la norme de sûreté de fonctionnement ISO 26262, ce SoC à la consommation raisonnée (dixit le fabricant) est censé répondre aux exigences des programmes NCAP (New Car Assessment Program) d’évaluation de la sécurité des nouveaux modèles de voitures, tout en offrant hautes performances pour la détection de panneaux de signalisation, de piétons, de véhicules et d’obstacles divers et variés.
Pour atteindre ces objectifs, Renesas a implémenté dans son SoC une plate-forme de vision artificielle bâtie sur différents blocs d’accélération matérielle et, notamment, un moteur de vision artificielle (CVE) et un moteur de reconnaissance d’image (IMP), aptes à exécuter des algorithmes du type traitement du défilement visuel (optical flow), détection et classification d’objets, et réseaux de neurones à convolution. Le R-Car V3M intègre en sus un double cœur Cortex-A53 pour la programmation applicative ainsi qu’un double cœur Cortex-R7 configuré en mode lockstep pour l’exécution des logiciels Autosar. De quoi, martèle Renesas, assurer un niveau de sûreté de fonctionnement minimal de niveau Asil-C.
Dans une optique de réduction des coûts, le fournisseur de semi-conducteurs a également intégré sur la puce un processeur dédié au traitement d’image (ISP) dont la fonction est d’améliorer la qualité de l’image brute issue du capteur de la caméra et de la « préparer » pour la vision artificielle. Une option qui évite le recours à un ISP externe dans la caméra avant ou dans le capteur lui-même. Enfin, le SoC ne dispose que d’un seul canal mémoire DDR3L pour abaisser encore le coût et se voit doté de multiples entrées/sorties vidéo, de deux interfaces CAN FD, d’une interface Ethernet AVB et de deux interfaces FlexRay.
Selon Renesas qui semble vouloir ici se positionner sur un marché où règne en maître Mobileye, récemment racheté par Intel pour la bagatelle de 15 milliards de dollars, le processeur R-Car V3M est le dernier-né des SoC du Japonais à obéir aux principes génériques de la nouvelle plate-forme Renesas autonomy qui se veut un environnement de confiance « ouvert » et évolutif pour les systèmes d’assistance évoluée à la conduite (ADAS) et de pilotage automatisé. (Le microcontrôleur RH850/V1R, annoncé en janvier 2017 et conçu pour le contrôle de radars automobiles embarqués, serait lui aussi compatible avec l’environnement.)
La société est pour l’heure assez avare de détails sur cette plate-forme ayant vocation à s’appuyer sur ses SoC et microcontrôleurs actuels et futurs conçus pour les systèmes ADAS et qui tous, à des degrés divers, obéissent à des niveaux élevés de sûreté de fonctionnement (Asil-B pour les R-Car M3 et H3, Asil-D pour les RH850/P1X). Si l’on en croit le Japonais, l’environnement Renesas autonomy couvrira tous les blocs fonctionnels ad hoc, de la détection jusqu’à la connexion sécurisée au cloud, en passant par la prise de décision et les fonctions de contrôle/commande du véhicule (ce dernier créneau étant le point fort de Renesas).
La plate-forme doit aussi permettre aux équipementiers d’accéder aux technologies ADAS et de conduite automatisée fournies par l’écosystème de 195 partenaires du Japonais, membres du R-Car Consortium, et laisser la porte ouverte à l’implémentation de blocs d’IP tiers ou propriétaires pour l’exécution d’algorithmes exigeants (des accélérateurs matériels notamment). A suivre donc d’autant que la société de semi-conducteurs, qui travaille aussi sur le sujet de la voiture autonome avec TTTech, n’est pas la seule à vouloir proposer des « plates-formes » plus ou moins complètes pour équipements de conduite automatisée ou systèmes ADAS. Sur le créneau, il lui faudra aussi compter avec les vélléités d'acteurs de poids comme Intel, Nvidia ou Qualcomm.