Nanolike amène le champ des nanoparticules au monde des capteurs industriels

Nanolike

L’entreprise toulousaine Nanolike, créée en 2012 par Jean-Jacques Bois, est une pionnière dans le domaine des nanotechnologies apportées au monde industriel. Les nanocapteurs de la start-up fabriqués à Toulouse, en particulier des jauges de contrainte, sont promis à un bel avenir. Et les investisseurs ne s’y sont pas trompés : la société vient de lever 700 000 euros pour renforcer son unité de fabrication et sa force commerciale. ...

Issu de l’école d’ingénieurs Insa de Toulouse, Jean-Jacques Bois, qui a fondé Nanolike avec Samuel Behar, a su tirer profit de brevets déposés par le Laboratoire de physique et de chimie des nano-objets, structure commune à l’Insa, au CNRS et à l’université Paul-Sabatier, pour apporter au monde industriel un savoir-faire de pointe dans l'élaboration de nanoparticules. En privilégiant dans un premier temps la fabrication de jauges de contrainte de nouvelle génération, en rupture par rapport aux solutions classiques. « Le principe consiste à assembler des fils de nanoparticules d’or sur un substrat souple de type polyimide qui sont reliés ensuite à un connecteur pour former un capteur, explique Jean-Jacques Bois. Ces fils sont dotés d’une résistance électrique qui varie suivant la température, l’humidité ou les déformations et sont donc aptes à devenir l’élément sensible de capteurs miniatures de température, d’humidité ou de mesure de déformation. »
 
Tout le savoir-faire et la valeur de la société réside dans l’exploitation de ces méthodes d’assemblage pour la fabrication de capteurs résistifs réellement industriels. Avec, à la clé, des performances uniques. Puisque, dans le cas des jauges de contrainte fabriquées par Nanolike, le premier domaine sur lequel la société compte s’imposer, leur taille est 50 fois plus petite et leur sensibilité de 20 à 50 fois meilleure que la concurrence, le tout pour une étendue de mesure élevée et des consommations très faibles, de l’ordre du microwatt.
 
« Auparavant, les industriels avaient le choix entre, d'un côté, un capteur de type semi-conducteur, un Mems par exemple, doté d’une bonne sensibilité mais pour une plage de déformation faible, et, de l'autre, des capteurs métalliques dotés d’une plage de mesure de déformation élevée mais d’une moindre sensibilité. Avec les nanaocapteurs que nous fabriquons, nous proposons à la fois plage de mesure de déformation étendue et sensibilité élevée », commente Jean-Jacques Bois C’est donc un marché très important de remplacement de technologies existantes auquel s’adresse Nanolike.
 
 
« Avec nos jauges de contrainte, nous ciblons les fabricants de capteurs qui peuvent remplacer leur élément sensible par nos technologies, précise Jean-Jacques Bois. A plus long terme, nous visons les marchés de l’aéronautique et de l’automobile, très consommateurs de mesures de déformations. » Avec, pour séduire ces marchés, l’avantage de pouvoir fabriquer en très grande quantité, sans avoir besoin de construire des salles blanches comme pour les Mems, un approche réservée à de grosses compagnies comme STMicrolectronics par exemple. D’où un investissement de départ moindre.
 
A ce sujet, Nanolike a d’ailleurs réussi à lever 700 000 euros auprès des fonds d’investissement industriels Newfund, Breega Capital et Insead Business Angels Club. Objectif : équiper une usine de 200 m2 à Toulouse pour la fabrication de 10 000 capteurs par an dans un premier temps, puis 100 000 d'ici à deux ans et 1 million par an à l'horizon 2020. En 2015, la société compte d’ores et déjà 9 salariés et envisage d’employer 15 collaborateurs en 2017. Quant au chiffre d’affaires, il devrait s’établir en 2015 à 450 000 euros.
 
Parallèlement, Nanolike prépare l’avenir et s’investit dans plusieurs projets collaboratifs, liés au pôle de compétitivité Aerospace Valley. Le premier avec Intespace vise à évaluer la technologie dans le cadre de la mesure de la déformation des satellites au sol et dans l’espace. Le second avec Astrium, une filiale d'EADS, se focalise sur la réalisation de réseaux de capteurs de température dédiés aux satellites. Cette approche de type réseau de capteurs est d’ailleurs un axe de développement important pour la société, car la technologie permet justement d’assembler plusieurs dizaines de capteurs reliés entre eux sur une surface de quelques cm2 pour réaliser des nappes de plusieurs milliers de capteurs que l’on pourrait par exemple insérer sur des ailes d’avion.