Focalisée sur les solutions d’analyse de la qualité de service (QoS) et de l’expérience utilisateur appliquées aux offres triple play (voix/données/vidéo) des opérateurs, FAI et autres fournisseurs de services télécoms, la jeune société française Ezako a développé des sondes logicielles pour décodeurs TV, box et passerelles résidentielles aptes à remonter dans le cloud des données produites par ces équipements. ...
Depuis quelques années, l’industrie du Big Data, c’est-à-dire l’exploitation intelligente de flux massifs d’informations diverses et variées, a donné naissance à une multitude de start-up dont la valeur ajoutée repose essentiellement sur un savoir-faire dans l’analyse de données hétérogènes. Dans ce cadre, une expertise dans les types de données à extraire et dans la manière de les récupérer astucieusement est évidemment un plus. Cette expertise, c’est justement ce dont se vante la jeune société parisienne Ezako, focalisée sur les solutions d’analyse de la qualité de service (QoS) et de l’expérience utilisateur appliquées aux offres triple play (voix/données/vidéo) des opérateurs, FAI et autres fournisseurs de services télécoms.
Bora Kizil, vice-président ventes et marketing d'Ezako
Créée début 2011 par deux anciens d’IBM et de Google - et après s’être un temps orientée vers l’e-commerce - la start-up s’est repositionnée depuis deux ans et demi sur son métier d’origine sous l’impulsion de Bora Kizil, son actuel vice-président en charge des ventes et du marketing. « Notre offre s’appuie à la base sur des middlewares embarqués dans les décodeurs TV, les box ou les passerelles résidentielles, indique Bora Kizil. Ces logiciels « légers », qui n’exigent ni puissance CPU ni capacité mémoire importante, agissent en tant que sondes aptes à remonter, vers des logiciels d’analyse dans le cloud, des données produites par ces équipements ainsi que des indicateurs de performances clés KPI, utiles pour la gestion de qualité de service d’un réseau triple play. »
1 200 types de données
Selon Ezako, ce sont en effet pas moins de 1 200 types de données différents qui peuvent être récupérés dans un décodeur TV, de la consommation de l’unité centrale à la quantité de mémoire disponible, en passant par la qualité de la connexion Internet, le rapport signal à bruit, le nombre de pertes de paquets IP, le nombre et la fréquence d’apparition de macroblocs sur l’image (ce que l’on appelle communément la pixellisation), le temps moyen de démarrage de l’équipement, le nombre de redémarrages, le temps de zapping, le nombre d’appels moyen entrants et sortants, les KPI Wi-Fi, l’usage de tel ou tel service (TV, VoD, IPTV…), etc.
Côté cloud, Ezako dispose d’outils analytiques qui permettent de filtrer, d’agréger et d’analyser de manière graphique et visuelle toutes ces données avec remontée d’alertes et possibilité de naviguer dans l’historique. « Depuis cette année, nous avons intégré dans notre portefeuille un outil d’analyse prédictive qui peut prévenir l’opérateur, en avance de phase, de l’arrivée de pannes et ce à échéance comprise entre un jour et quelques mois, ajoute le vice-président ventes et marketing d’Ezako. Cet outil; qui est issu d'un partenariat de R&D d'un an avec le Cnes, a obtenu une reconnaissance officielle lors du salon IBC 2016 d’Amsterdam où il s’est vu décerner le trophée Future Business Opportunity. C’est un point fort qui nous distingue de la concurrence et qui éveille un fort intérêt chez les opérateurs télécoms. » Si la jeune société ne souhaite pas pour le moment citer explicitement les noms de ses premiers clients, on compte toutefois dans la liste un opérateur français majeur, un éditeur hexagonal bien connu d’environnements logiciels pour box triple play et « d’autres opérateurs à l’international ».
Petite structure de sept personnes avec une équipe de développement basée à Sophia Antipolis, Ezako commercialise son offre sous la forme d’une licence annuelle, sachant que la société accompagne ses clients pour adapter ses outils aux besoins spécifiques de chaque opérateur. A ce titre, on notera qu’Ezako s’appuie sur un certain nombre de logiciels open source tels qu’Elasticsearch (pour l’indexation et la recherche des données), Cassandra (pour la gestion des bases de données) ou Hadoop (pour le stockage et le traitement distribués de gros ensembles de données). « Ezako est d’ailleurs l’un des membres fondateurs de Hadoop Users France, commente Bora Kizil. Le choix de l’open source s’imposait pour nous car il n’était pas question que l’on développe tout en interne. Par ailleurs, cela rassure les opérateurs, l’existence de communautés autour de ces logiciels est un peu pour eux la garantie de la continuité de service. »
La jeune société, qui est actuellement en négociations avec plusieurs incubateurs, n’a pas pour le moment fait appel à des investisseurs extérieurs. « Nous souhaitions d’abord disposer d’une activité répétable, confie Bora Kizil. Aujourd’hui c’est chose faite et nous envisageons une levée de fonds vers la fin de l’année 2017 pour accélérer nos activités de recherche. » Ezako a également commencé à prospecter le marché industriel où les capacités d’instrumentation et d’analyse prédictive de son offre suscitent un certain intérêt. « Dans ce contexte, il s’agira plutôt pour nous de nous connecter à des bases de données intermédiaires sur serveurs pour récupérer des informations, détaille le responsable de la jeune pousse. Des tests sont d’ailleurs prévus au début de l’été avec deux industriels. » A suivre donc.