La start-up angevine Eisox a conçu une tête thermostatique connectée dont la vocation, une fois installée sur un radiateur, est de réguler de manière autonome la température de chaque pièce dans la maison et ce en fonction des habitudes des habitants. De premiers tests en situation réelle sont prévus dans les tout prochains mois. ...
Malgré son nom, une tête thermostatique n’a rien de particulièrement intelligent. Installée sur un radiateur, elle permet simplement de mesurer la température ambiante et d’agir sur une vanne mécanique afin de réguler le passage de l’eau entre la canalisation et l’élément chauffant. Bref, rien de très excitant, électroniquement parlant. Mais les développements menés par la jeune société angevine Eisox pourraient bien révolutionner cet objet qui n’en est pas moins une pièce essentielle du confort des utilisateurs et de la réduction de la facture énergétique ! Créée officiellement en février 2016, la start-up a conçu une tête thermostatique connectée dont la vocation est de réguler de manière autonome la température de chaque pièce dans la maison et ce en fonction des habitudes des habitants. Baptisé EVO et constitué en fait d’un ensemble de têtes thermostatiques, d’une passerelle domestique reliée par lien radio à tous ces « objets » et d’un logiciel d’intelligence artificielle, le système élaboré par Eisox est en effet capable de générer de lui-même des calendriers de chauffe.
Maxence Chotard, Baptiste Clenet et Joël Chotard, fondateurs d'Eisox
« Il faut remonter à 2008 pour retrouver l’origine de ce projet, rappelle Maxence Chotard, cofondateur de la jeune société avec Baptiste Clenet et Joël Chotard, serial entrepreneur déjà à l’origine d’entreprises comme Décision Europe, Oxance ou SenSIP. Dès cette époque, mon père s’était lancé dans une réflexion autour de solutions techniques pour le chauffage connecté. Baptiste et moi-même avons rejoint le projet en 2013, parallèlement à nos études à l’ESEO, et c’est véritablement en 2014 que nous avons travaillé sur le concept actuel de notre tête thermostatique connectée, un développement qui nous a conduits à la réalisation d’un prototype fonctionnel fin 2015. » Une durée de gestation qui s’est avérée nécessaire pour trouver, tester et expérimenter la technologie de détection de présence à la fois en statique et en dynamique qui est au cœur du système EVO.
La sobriété énergétique : un must
« Nous avons aussi prêté une attention extrême à sélectionner les composants électroniques les plus sobres en consommation énergétique, notamment en mode veille, car nous tablons sur une autonomie de la tête thermostatique connectée comprise entre cinq et dix ans, ajoute Maxence Chotard. Car, outre le capteur de présence et un circuit de commande moteur, on y trouve aussi, déjà intégrés, des détecteurs d’intrusion, de fumée et de la qualité de l’air ! » Des fonctions de base qui pourront à l’avenir, au-delà de la gestion du chauffage, permettre la mise en place d’autres services comme le déclenchement d’une alarme en cas d’incendie ou d’intrusion, l’appel d’urgence en cas de chute d’une personne équipée d’un bracelet de suivi médical, etc.
La tête thermostatique connectée d'Eisox
De fait l’interopérabilité avec d’autres équipements éventuellement fournis par des sociétés tierces est centrale dans la démarche d’Eisox. A ce titre, la jeune pousse a opté pour des piles de communication standard pour les liaisons radio (à 868 MHz) entre les têtes thermostatiques, la passerelle (où s’exécutent les logiciels d’intelligence artificielle) et, potentiellement, d’autres dispositifs, comme des alarmes par exemple. « Nous avons opté pour des protocoles IPv6 adaptés aux contraintes de l’embarqué contraint comme 6LoWPAN et CoAP, détaille le cofondateur de la jeune société. Nous avons aussi retenu le framework de communication open source IoTivity. »
Géré dans le cadre d’un projet communautaire placé sous la houlette de la fondation Linux et issu des spécifications de l’Open Connectivity Foundation (ex-Open Interconnect Forum), ce framework est censé assurer l’interconnexion sans fil de terminaux mobiles personnels et de dispositifs de l’Internet des objets et la gestion des flux d’information transitant entre eux, quels que soient leur facteur de forme et leur système d’exploitation. Cette mise en valeur de protocoles normalisés a permis notamment à Eisox de pouvoir concourir en 2015 à l’Ipso Challenge organisé au niveau international par l’alliance Ipso (IP for Smart Objects). Et de rafler le deuxième prix de la compétition et les 5 000 dollars associés.
La passerelle du système EVO d'Eisox
« Au-delà de cet aspect financier, la participation à ce concours nous a obligés à accélérer la mise au point d’un prototype fonctionnel et, surtout, nous a donné beaucoup de visibilité, assure Maxence Chotard. Dans la foulée, nous avons été contactés par de grands groupes officiant sur le secteur des télécommunications, des objets connectés ou de la construction immobilière. » Des contacts qui laissent présager d’un avenir radieux pour la start-up qui vient de s’engager dans la phase de préindustrialisation de ses produits avec la réalisation de 50 exemplaires de sa tête thermostatique connectée au sein de la Cité de l’objet connecté à Angers, là où, déjà, le prototype avait été réalisé. Objectif : valider le système EVO et son ergonomie d’utilisation dans le cadre d’un déploiement concret chez une dizaine d’utilisateurs sur la région angevine.
Par la suite, une première série de mille exemplaires devrait être lancée en production d’ici à la fin de l’année 2016, toujours à la Cité de l’objet connecté. « Dans notre système, toute l’intelligence artificielle tourne sur la passerelle sans connexion au cloud et toutes les données restent stockées en interne, toujours dans la passerelle, tient encore à préciser le dirigeant d’Eisox. C’est une condition pour que l’utilisateur reste maître de ses données sachant que, même si le système génère automatiquement des calendriers de chauffe, il a toujours la possibilité de reprendre la main à tout moment via une application mobile ad hoc. »
Hébergée dans les locaux de l’ESEO (Ecole supérieure de l’électronique de l’Ouest), la jeune société compte aujourd’hui un effectif de sept personnes dont trois dédiées au développement logiciel et une dotée de fortes compétences en intelligence artificielle. Dans le cadre de l’industrialisation de ses produits et du lancement de ses activités commerciales, Eisox est déjà entré dans une phase de levée de fonds dont le bouclage est prévu courant 2016.