Avec l’ambition de devenir le premier opérateur de télémétrie en mer, la jeune société vendéenne FlexSense s’est positionnée sur le créneau du monitoring de parcs à huîtres ou à moules et de la lutte contre le vol, un problème récurrent auquel sont confrontés les ostréiculteurs et les conchyliculteurs. Pour ce faire, la start-up a développé une architecture réseau apte à répondre aux besoins de communication, de portée et de consommation typiquement rencontrés sur le terrain difficile de l’environnement marin. ...
Devenir le premier opérateur de télémétrie en mer, voilà ni plus ni moins l’objectif que s’est fixé la toute jeune société FlexSense, créée en juillet 2015 à la Roche-Sur-Yon. Mais là où certains, par excès d’ambition, se seraient lancés sur le marché avec une approche généraliste, la start-up a préféré, tout du moins dans un premier temps, se concentrer sur des applicatifs métier qu’elle a soigneusement choisis : le monitoring de parcs à huîtres ou à moules, et la lutte contre le vol, un problème récurrent auquel sont confrontés les ostréiculteurs et les conchyliculteurs. Et, comme on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même, FlexSense a développé ses propres technologies logicielles et matérielles, en particulier une architecture réseau apte à répondre aux besoins de communication, de portée et de consommation typiquement rencontrés sur ce terrain « difficile ».
Emmanuel Parlier et Sylvain Dardenne, cofondateurs de FlexSense
« Notre offre s’appuie sur des réseaux radio maillés ad hoc, bidirectionnels, polymorphes et longue portée (une trentaine de kilomètres environ) exploitant des bandes de fréquence sous le gigahertz à 169 MHz, 433 MHz, 868 MHz ou autres, explique Sylvain Dardenne, directeur commercial et cofondateur de la jeune pousse. L’architecture permet en particulier de remonter des informations issues de capteurs, placés dans des poches à huîtres, sur des bouchots ou sur des bouées, vers une plate-forme de monitoring, et ce via des antennes-relais, des systèmes de collecte et d’analyse positionnés en mer ou à terre et une passerelle qui permet éventuellement de transférer les alertes et les données prétraitées au travers de réseaux mobiles ou de réseaux dédiés IoT comme LoRa ou Sigfox. » En fonction des besoins des industriels, FlexSense peut en effet proposer clé en main un réseau 100% ad hoc, sans intervention d’opérateurs extérieurs, ou interfacer sa solution avec n’importe quelle infrastructure de communication tierce.
Une solution en cours de déploiement
Une maîtrise technologique que la start-up explique par l’historique et la complémentarité de ses deux fondateurs. Alors que Sylvain Dardenne dirige aussi depuis sept ans une société focalisée sur l’optimisation énergétique en milieux industriel et tertiaire, Emmanuel Parlier, le président de la start-up, est un expert des conditions environnementales en milieux marin et sous-marin. « FlexSense est issu d’un projet qui a démarré il y a déjà trois ans et notre solution est actuellement en cours de déploiement auprès de plusieurs professionnels », ajoute le directeur commercial de l’entreprise vendéenne.
Au cœur de ces déploiements, on trouve aujourd’hui un objet phare, le Flex-Spy, qui a déjà suscité un intérêt certain. Conçue pour lutter contre les vols, cette fausse huître encapsulée dans du plastique (photo ci-contre) est mélangée avec des vrais coquillages dans une poche. Capable de communiquer sur le réseau de FlexSense, elle détecte tout mouvement anormal et émet alors un signal d’alerte afin de prévenir l’ostréiculteur. Un procédé de triangulation peut même permettre, si l’architecture du réseau radio déployé s’y prête, de localiser dans un périmètre donné l’objet du délit. Les bouées instrumentées, quant à elles, sont utilisées pour les applications de monitoring. La mesure du poids des cultures en suspension sous les bouées et le suivi des conditions environnementales comme la salinité, le pH, la température de l'eau, le potentiel redox ou les polluants éventuels visent notamment à limiter les phénomènes anormaux de mortalité.
Une autonomie de 60 mois
« Nos produits ont aujourd’hui une autonomie de soixante mois sur batterie, mais nous travaillons sur la mise au point de systèmes de récupération d’énergie ambiante – les mouvements de houle en l’occurrence – pour nos bouées instrumentées placées en pleine mer, détaille Sylvain Dardenne. Dans le cadre de nos développements et en partenariat avec l’université de La Rochelle, nous planchons aussi sur des systèmes de communication sous-marine qui éviteront de déployer de la connectique sous la mer. »
Ayant opté pour une fabrication 100% française pour ses produits avec deux supply chains, l’une en Aquitaine, l’autre en Pays de la Loire, FlexSense commercialise aujourd’hui son offre sous la forme d’abonnements mensuels et atteindra son premier million d’euros de chiffres d’affaires d’ici quelques mois. Déjà présente au-delà des frontières hexagonales dans des déploiements maritimes au Vietnam et en Afrique, la start-up a déjà de fortes velléités de partir à l’assaut de l’international. Avec un capital de 420 000 euros, la société, qui sera présente en janvier sur le CES 2017, se donne six mois pour boucler un tour de table qui lui donnera des ailes pour réaliser son objectif d’expansion. Sachant que FlexSense ne s’interdit pas de cibler d’autres marchés qui pourraient être intéressés par son réseau maillé ad hoc, comme l’industriel ou l’environnement. Forte aujourd’hui de cinq personnes à plein temps, la start-up table sur un effectif d’une vingtaine de personnes d’ici à fin 2017.