Pour une "vraie" maintenance prédictive et conditionnelle, il faut s'attacher à remonter des données de terrain fiables et cohérentes, et apprendre, à partir de ces mêmes données, comment les machines se comportent afin d'anticiper leurs défaillances. Monixo s'inscrit dans cette démarche en tirant parti de capteurs spécifiques connectés dans l'usine via des réseaux sans fil. ...
Industrie du futur, Internet des objets industriel, Usine 4.0… Autant de vocables qui recoupent une même préoccupation, à savoir mieux piloter une unité de production opérationnelle grâce à l’optimisation de la maintenance des actifs industriels (pompes, vannes…), source de coût majeure dans l’exploitation des usines. Pour y parvenir, reste à remonter des données fiables et cohérentes du terrain pour les exploiter efficacement. C’est là où le bât blesse. « On est encore loin sur le terrain du concept d’usine connectée », explique Ousmane Seck, l'un des trois cofondateurs, avec Abi Ciss et Amady Diouf Faye, de la jeune société Monixo, créée en 2015 et basée à Créteil.
Les trois cofondateurs de Monixo
Forts de leurs expériences respectives chez Schneider Electric ou l’avionneur Boeing, les fondateurs de Monixo se sont attachés pendant deux ans à développer deux éléments clés pour mettre en place une approche de maintenance prédictive et conditionnelle à partir d’actifs connectés : des capteurs ad hoc, d'un côté, et des algorithmes d’analyse issus d’une expérience de terrain, de l'autre.
Une gamme de capteurs industriels
Pour ce faire Monixo a mis au point toute une gamme de capteurs industriels qui s’attachent à mesurer des caractéristiques physiques au cœur des machines : capteurs de température (ambiante, infrarouge de contact, avec sonde), capteur de vibrations (accéléromètre 3-axes avec analyses spectrales temps réel), capteur à ultrasons (avec un capteur 40 à 100 kHz), microphone (sons inférieurs à 20 kHz), sondes à ultrasons pour le suivi de niveau de fluides, capteur de débit à ultrasons, détecteur de position, sonde de mesure de teneur en gaz… Tous ces capteurs/sondes sont intégrés dans une enveloppe en aluminium résistante à des conditions d’exploitation difficiles et communiquent leurs données via une liaison sans fil à une passerelle (gateway). Monixo utilise pour ce lien radio bidirectionnel, soit un protocole privé dans la bande des 868 MHz afin d’obtenir un débit élevé jusqu’à 100 Ko/s, soit la technologie LoRa dans le cadre d’un réseau privé, cette fois-ci avec des débits moindres mais une plus grande portée.
Jusqu'à 1 000 mètres de portée
« En fonction des cas rencontrés, nous utilisons l’une des deux approches avec des portées du capteur à la passerelle allant de 300 à 1 000 mètres », précise Ousmane Seck. Quant à la passerelle, elle est capable de gérer jusqu’à 300 capteurs différents. « En fait nous nous adaptons au terrain, explique le cofondateur de Monixo. Si des capteurs existent et que leurs données sont remontées vers des automates, nous les utilisons. Mais dans le même temps, nous faisons l’analyse des données manquantes pour réaliser une véritable maintenance conditionnelle et prédictive, et là nous installons nos propres capteurs. C’est à ce niveau que nous nous différencions des offres plus logicielles qui existent sur le marché, et pour lesquelles la partie pertinence et cohérence des données de terrain est absente et relève de la responsabilité de l’industriel. »
Le second pilier de l’offre de Monixo est un “processeur” d’apprentissage, i.e. un algorithme installé dans le cloud qui permet aux utilisateurs de visualiser à distance et en temps réel l’état des machines surveillées, comme l’énergie consommée, les niveaux de température ou de vibration ainsi que les défaillances constatées. C’est ici que la notion de maintenance prédictive connectée prend tout son sens. « Pour les paliers, les arbres tournants, les roulements…, le processeur d’apprentissage permet d’anticiper l’évolution de l’état des machines, et par conséquent de réduire considérablement le nombre de pannes, et donc d’augmenter la productivité », résume Ousmane Seck.
Dans les années qui viennent, la société souhaite se développer en déployant des projets concrets avec des industriels, ERDF ayant déjà par exemple mis en place l’approche de Monixo sur l'un de ses sites. Le modèle économique de la start-up étant basé à la fois sur la vente de capteurs, sur des travaux d’ingénierie et sur la mise en place de services du type SaaS (Software as a Service) pour l’utilisateur final. A l’horizon 2017/2018, Monixo espère atteindre un chiffre d’affaires d'un million d’euros, sans recours pour le moment à des levées de fonds extérieures.